dimanche 29 décembre 2013

Mariage mahorais

On vous avait dit qu’on avait de potes mzungu sur l’île depuis 3 ans, qui habitent Sada : Alex et Annaïck.


Et bien, ils nous ont invités au mariage traditionnel de leur voisin.
Sada la fière, où s’étagent les maisons qui dévalent la colline jusqu’à la plage et le centre, dominé par un minaret. Sada est fière car de nombreuses familles se disent descendantes des Sharifs, premiers arabes venus sur l’île.

 

















Les mahorais ne les aiment pas trop : trop pédants, prétentieux et également trop religieux…
Pour les mzoungou, c’est une ville ou plutôt un village paisible, plus tranquille que les autres.
Ce qui est sûr, c’est que les gens y sont soudés :
Il y a 15 jours, un habitant de Sada a été retrouvé mort par pendaison chez lui. Dans ce cas-là, c’est le smur et les pompiers qui se déplacent pour évaluer le pronostic vital et faire les certificats. De manière théorique et obligatoire en métropole,  le médecin a mis un obstacle médico-légale : car c’est une mort suspecte d’être causée par un tiers, bref il faut une autopsie (un seul médecin légiste sur l’ile en ce moment et c’est un gars qui est urgentiste). Et là, c’est le drame : émeute à Sada, plus de 100 personnes se sont dressés devant les représentants des opérations judiciaires. Le corps n’a donc pas été autopsié, le procureur ayant levé l’obstacle.  Trop bizarre…

Mais sinon, on a été au mariage.
C’est comme toute coutume étrangère, un peu spéciale pour nous, mais c’était vraiment sympa.
Etant des invités de la mariées, nous devions aider aux préparatifs. Marie et annaïk, ont préparé de la bouffe, des brochettes, des tonnes de riz, du mataba (brède manioc et coco), au feu de bois sous 38°C. 

Moi et alex, on a fait le tour du village 30 fois avec des tonnes de boissons (non alcoolisées), de plats, des tables pour agencer les 3 endroits : un pour les femmes, un pour les hommes et un pour les mariés et ses proches (c’est là qu’on a mangé).
Après les 12 travaux, on a rejoint les filles, qui étaient magnifiques. Une petite sous tenue, et le traditionnel Salouva (constitué de 2 morceaux de lambawane cousus ensemble et d’un troisième seul), chaque famille a ses couleurs. Nous on a mis un pantalon et une chemise, youpi !





Un petit cortège, avec la famille du marié, qui vient d’un autre village. Les hommes portent un collier de jasmin, les femmes de Sada les protègent du soleil et les ventilent…





Puis on monte retrouver la mariée (probablement un peu oligophrène), on l’arrose de billets, et on passe à table. En fait les hommes (et nous 4, en tant qu’invités privilégiés) passent à table, et les femmes chantent et nous servent, et nous ventilent !



La coutume est que le marié va habiter chez sa femme. Les parents font construire dans le village pour leurs filles. Après le repas, les hommes vont ranger les tables, les couverts, les gamelles, alors que les femmes partent danser entre elles.




















On repartira avec les « dragées mahoraises », en fait un assortiment de desserts. On a super bien mangé, et les gens ont été adorables avec nous.




lundi 23 décembre 2013

La médecine... à Mayotte

Je vous l'avais promis, un petit résumé de "comment exerce-t-on la médecine à Mayotte", mais c'est impossible à décrire, il faut le vivre pour le croire !! Je ne savais donc pas par quel bout commencer, mais là, c'en est trop, il faut que je raconte : ce matin, un brancardier a appelé dans le service pour dire qu'il ne pouvait pas emmener un patient à la dialyse, motif "il pleut"... bon ok cette pluie là, elle te rince en deux secondes, mais là j'en croyais pas mes zoreilles !!
Vous l'aurez compris, rien n'est facile. 
Les malades sont tellement jeunes (moyenne d'âge en réa 25 ans vs 70 en métropole) que je suis obligée de découvrir la réa pédiatrique, certes tout aussi passionnante que celle de l'adulte, mais beaucoup plus stressante, tout est en version mini, tous les médicaments dilués à des doses infimes (vive la calculatrice!), et des pathologies qui m'étaient jusqu'à maintenant inconnues : déficit en arginase, maladie mitochondriale de la chaine enzymatique respiratoire, déficit en G6PD, drépanocytose homozygote... bref vive le vademecum metabolicum pédiatrique, ou la consanguinité?... Bon c'est bien beau ces diagnostiques, mais ici on a rien pour les traiter alors pour peu qu'en plus ils n'aient pas la CQ, ben t'es dans une belle impasse avec une mortalité infantile bien trop élevée... A ma dernière garde c'est un gamin de 10 ans qui est mort d'un abcès cérébral parce qu'on ne lui avait pas donné les antibiotiques ! Ah oui coco (mamie) elle a emmenée son petit-fils au dispensaire pour voir le docteur, mais après y avait trop de monde pour les médicaments alors on est partis... probablement qu'ils n'avaient pas d'argent puisqu'ils ne pouvaient même pas s'acheter à manger, mais tous les médicaments sont gratuits pour tous les enfants, papiers français ou pas. Je vous raconte pas la galère quand le transporteur de corps (seul sur Mayotte, Mzungu ayant le monopole après avoir obtenu la fermeture de la société concurrente mahoraise...) a demandé 380 euros à la famille pour ramener le corps chez eux, à 10km de l'hôpital...
Je ne reviendrai pas sur les sans papiers (le plus souvent des comoriens arrivant par kwassa ou même habitant depuis toujours à Mayotte mais étant devenus sans papiers depuis que Mayotte est française), mais rares sont les médecins qui ne font pas de l'humanitaire au quotidien, certes sur le dos de la CQ, mais pour des gens qui en ont vraiment besoin ! Ceci dit, même si c'est gratuit pour une grande majorité des patients rares sont les malades compliant et observant avec leur traitement. Beaucoup pensent que c'est du poison, ou alors qu'ils ne sont pas malades puisque tout va bien alors "pourquoi le médecin blanc veut-il que je prenne des médicaments ?" Donc difficile d'instaurer un traitement et d'espérer un suivi régulier. Je ne parle même pas d'installer une machine de ventilation à domicile, encore faut-il se renseigner sur l'état du logement parce qu'un banga sans électricité en représente un contre-indication...
Le laboratoire, ça aussi c'est toute une histoire !! Quand l'examen prescrit n'a pas été zapé par l'infirmier, que le manip labo ne le laisse pas traîner sur la paillasse, que le logiciel fonctionne correctement (et non de façon "dégradée"), tu peux espérer obtenir un résultat dans la journée... et puis tout ce qui n'est pas fait en routine est envoyé à la Réunion, donc faut attendre l'avion du lendemain que le prélèvement ne tombe pas dans la soute de l'avion, que le coursier le dépose au bon labo le surlendemain et que l'analyse débute 3 jours plus tard... bref les patients meurent bien avant d'avoir eu le résultats de la biopsie !
La neurochirurgie et la cardiologie, les 2 grandes absentes de l'île. Tu te retrouves en réa avec des patients hospitalisés pour des infarctus ou des anévrysmes cérébraux rompus qui doivent attendre l'avion du lendemain pour aller à la Réunion bénéficier de soins adaptés. Autant dire que tu serres les fesses ! et ça génère un trafic sanitaire monstrueux avec en général au moins un patient transféré chaque jour ! (encore une niche fiscale pour les docteurs qui économisent des miles à chaque voyage sur le dos des patients... ou pour air austral qui a la monopole puisque réquisitionné par l'Etat).
Bref la médecine à Mayotte c'est un mélange de découvertes en tout genre, où médecine, social et droit sont notre quotidien. On vient de recevoir un courrier du préfet qui stipule le "renvoi immédiat et sans soin de tout comorien capable de marcher", à vous d'interpréter !
Voilà, c'est difficile de résumer une façon complètement différente de pratiquer la médecine, je n'ai abordé que quelques aspects, pour ne pas vous lasser, mais pour ceux que ça intéresse, je fais un petit carnet d'anecdotes (pour ne pas oublier, si c'est oubliable ?!) que je mettrai sur le blog.

lundi 16 décembre 2013

Le petit coin de paradis



Bon allé, on s’y remet, voilà des news toutes fraiches ! Après ces petites mésaventures, nous nous sommes un peu plus concentrés sur le boulot parce que là au moins, on comprend pourquoi on est à Mayotte. Mais je vous ferez un petit chapitre especial, même s’il est difficile de raconter une situation sanitaire comme celle-là, on pourrait y passer des heures sans avoir abordé  1/100è du problème, c’est juste hallucinant…
Revenons plutôt à ce petit we fort sympathique qui vient de passer. Après la petite soirée du vendredi chez Anaïck notre copine infirmière de Sada, nous avons passé le samedi sur les plages de la côte ouest avec petite balade en pirogue. Mael un collègue de karim qui habite à Mayotte depuis 4 ans s’est construit et non sans peine une petite pirogue dans un tronc de manguier (il a fallu négocier sévère avec le mahorais qui croyait qu’on voulait lui voler son savoir !! mais après moult discussion et 2 mois de boulot le voilà proprio d’un moyen de transport maritime et ça c’est trop cool ici). Alors nous voilà parti sur les plages désertes de Soha avec magnifique tombant en PMT. Petit pic-nic et couché de soleil magnifique. Bref enfin une vrai belle journée de repos !!


Mael, Dévy, Anaïck et son gros chien, 
avec lui, peur de rien !!










 


Le dimanche, nous avons embarqué à bord du bateau de pêche d’Abdou, un brancardier/interprète des urgences, avec un couple d’amis (toubib of course…) à la découverte des ilots du nord : l’ilot choizil qui à marée basse laisse apparaître un banc de sable entre 2 cailloux (un symbole de Mayotte), l’ilot de sable blanc également visible uniquement à marée basse et l’ilot Mtsamboro, lieu d’arrivée des kwassa : les comoriens payent des brigands pour aller jusqu’à Mayotte clandestinement afin de recevoir des soins de « qualité et gratuits », et ces enfoirés leurs disent voilà vous êtes à Mayotte… à 3h de nage puis 1h de voiture de l’hôpital !! Ils rencontrent alors quelques pêcheurs mahorais qui finissent de les ruiner pour les déposer sur la « vraie île ». Reste plus qu’à parcourir la brousse sans se faire prendre pour enfin être soigné… Pas facile quand on t’a mis une traction du membre inférieur qui est cassé en mille morceaux : « j’ai même plus la force de pleurer tellement j’ai mal… »
Mais pour nous ça constitue un « paysage magnifique et une journée de dépaysement total… »  Abdou nous a conduit d’un ilot à l’autre, d’un tombant à un autre, préparé un repas de luxe avec poulet et poisson grillés, riz, fruit à pain, mataba (brèdes de manioc au lait de coco) et légumes marinés, sur la plage à l’abri d’un badamier. Ça ne m’a pas empêché de finir couleur écrevisse malgré mes couches de crème 50 !! Bref une super journée, si comme d’habitude on ne pense pas à ce qui se passe dans le coin.

 Départ de Mtsamboro au nord-ouest de Mayotte

 Ilot Choizil




 Ilot de sable blanc


 Nabil (urgentiste) et 
Domitille (généraliste en dispensaire)



Ilot Mtsamboro



 Au large de l'ilot Mtsamboro, on aperçoit Anjouan
(une des trois îles des Comores), pas si loin !!




mardi 10 décembre 2013

Une tite balade sur la côte Est

Bon c’est fait : la marie a craqué, mais c’est cool, on a un nouvel appareil photo.
Du coup ça tombe bien, on part avec les collègues explorer la côte Est avec un bateau de location.

Et c’est super, on aperçoit le Mont Choungui et la pointe de Saziley : ça ressemble à un crocodile.

Et puis on se balade sur des ilots vierges.



 






























































Ilot sable blanc


Il y en a plusieurs autour de l’ile, « des petits coins de paradis » comme disent les gens…sauf que dans mon idéal, j’aurais mis un tit' arbre pour avoir de l’ombre. Je ne vous explique pas comment j’ai cramé. La côte est verdoyante et la mer tire ses meilleurs bleus pour nos yeux émerveillés.



Un pique-nique sous un baobab au bord de l’eau, que demander de plus ?!!



On a tous fait une demi-heure de wake-board et je me suis même épaté ! Encore un nouveau don… Et j'ai découvert par la douleur de nouveaux muscles dans le dos...
Et pour finir, on a évidemment croisé des dauphins !



 


Super journée. A refaire sur la côte Ouest...